La réserve marine qui préserve le lagon

2011
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La Réunion est une destination exotique connue pour son volcan, sa faune et sa flore exotique souvent évoquée ici mais aussi pour son littoral riche et varié qui permet aux touristes de partager la photo classique des doigts de pied en éventail avec palmier sur leur réseau social préféré.

plage d'Étang-Salé-les-Bains avec des palmiers et le soleil presque à la verticale
La plage d'Étang-Salé-les-Bains (photo: Tonton Bernardo)

Seulement la Réunion est une île jeune (en âge géologique, sa formation il y a trois millions d’années est très récente) Le corail n’a pas encore eu le temps de former des récifs qui protègent les côtes de la houle et conserve un grand lagon à l’eau transparente et au sable blanc. La plupart des côtes sont des escarpements rocheux volcaniques ou l’on peut observer la violence de l’océan. Cela reste des endroits à visiter comme le trou du souffleur pour y voir la violence des éléments (voir photo sur la carte IGN 4404 RT) ou des endroits plus reposants comme la plage de Manapany, une plage de sable noir où un bassin a été aménagé pour se baigner au calme.

Des petits lagons fragiles

Sur les 206 km de côtes que compte la Réunion, seules quelques plages sont protégés par une barrière de corail discontinue de seulement 25 km de long.

Il y a donc quelques plages de sable blanc avec entrée sur une mer chaude et transparente qui se retrouvent sur les brochures des agents de voyage. La Plage de Boucan-Canot à Saint-Gilles-les-Bains est la plus connue d’entre elles ce qui lui vaut la réputation d’être la plage des zoreils mais d’autres plages comme l’Ermitage devant le lagon du même nom plus au sud ou celle de Saint-Leu sont elles aussi bien connues.

Corail rose Pocillopora verrucosa
Corail dur rose Pocillopora verrucosa dans le lagon de l'Hermitage.

Même si les réunionnais ne s’intéressent que peu à leur littoral, les activités nautiques existent et sont concentrés sur ces plages de sable blanc qui sont aussi les meilleurs spots de surf. On y pratique la plongée, la chasse sous-marine, le paddle et autres sports nautiques. Si on y ajoute les activités économiques liées à la mer comme la pêche et les transports. Cela commence a faire beaucoup pour le fragile récif corallien de la Réunion d’où l’idée de le préserver.

Une réserve de pêche est créée en 1992 ce qui veut dire que la pêche y est interdite en vue de la conservation de certaines espèces de poissons. Cinq ans plus tard, en 1997, les sept communes du littoral ouest et sud se regroupent pour créer un parc marin avec la soutien de la région. l’Association Parc Marin de La Réunion (APMR) commencera les aménagements comme l’assainissement des eaux et les nouveaux dispositifs d’amarrage pour éviter que les ancres des bateaux abîment les récifs et l’emploi de personnels pour la prévention et l’information.

Étoile de mer à piquants
Étoile de mer épineuse Acanthaster planci dans le lagon de l'Hermitage.

La parc devient réserve

C’est en 2000 que l’État est officiellement associé à la protection de cet espace naturel liquide avec la prise en compte de la demande de réserve naturelle marine reçue au Ministère de l’Environnement et du Développement Durable. Le dossier suivra son cours avec de nombreuses réunions entre les acteurs locaux et l’état qui aboutira en février 2007 à la création de la RNMR, la Réserve Nationale Marine de la Réunion. Les prérogatives restent les mêmes « surveiller, connaître et faire connaître » la biodiversité du récif corallien de la Réunion mais avec un acteur de poids qui peut notamment faire respecter les interdictions par l’intermédiaire du préfet.

Le décret de création de la réserve délimite la zone en listant les coordonnées de chaque point. Ces coordonnées sont aujourd’hui les limites de la réserve dessinée sur les cartes destinées à l’information des usagers.

Carte de la réserve
Un exemplaire imprimable est disponible sur le site de la RNMR.

Les interdictions de pêche ou d’activités nautiques sur cette zone la plus fréquentée du littoral n’est pas toujours bien reçue ; C’est pourquoi l’information des usagers est importante. Peu à peu les Réunionnais comprennent qu’il faut faire des efforts pour conserver un espace une faune et une flore unique et fragile.

Le 1er janvier 2009, la réserve devient un GIE ce qui lui permettra de sécuriser les partenariats et les participations financières de chaque acteur. En conséquence, l’association du parc marin de la Réunion est dissoute en novembre 2010.

Le site de la RNMR présente de manière assez détaillée son rôle et le travail de ses agents mais la meilleure façon de partager son travail est sans doute d’aller visiter le lagon avec l’un de leur guide. Les sorties se font au sentier de l’Hermitage et sont gratuites à condition d’apporter son masque et ses palmes.

femme en maillot de bain qui fait du fish feeding dans le lagon
Nourrissage de poissons dans le lagon de l'Ermitage, à la Réunion. Une pratique déconseillée.

Les plus curieux pourront lire le rapport universitaire décrivant les méthodes de suivi utilisées pour mesurer l’impact de la protection du milieu et le comptage précis de l’ensemble des espèces observées avant la mise en place de la réserve: Mise en œuvre du suivi de l’effet réserve.

Il ne nous reste plus qu’à nous donner rendez-vous dans quelques années pour les premiers résultats qu’on espère positifs pour la biodiversité dans ce petit bout de l’Océan Indien.

Poissons chirurgiens bagnards
Banc de poissons chirurgiens bagnards Acanthurus triostegus dans le lagon de l'Ermitage, à la Réunion.

Toutes les photos du lagon de l'Hermitage sur ce site sont CC-SA Philippe Bourjon




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